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 Parodie de Cendrillon

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Haerith
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Haerith


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MessageSujet: Parodie de Cendrillon   Parodie de Cendrillon Icon_minitimeDim 6 Mar - 9:58

Bonjour bonjour! Very Happy
voici une courte parodie de l'histoire de Cendrillon.
j'espère qu'elle vous plaira, j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire! Razz

***

Maniaque

Un cri résonna dans le château et je levais la tête du sol:
"- CENDRILLON!"
Ma belle-mère, dans l'un de ses accès de bonté, devait sans doute me supplier de descendre dîner. Cela faisait déjà plusieurs fois ce soir, d'ailleurs, mais...combien exactement ? Alors là, aucun idée.
Je continuais à frotter le parquet de la vieille chambre, tout en parcourant la pièce du regard: vitres à laver, tenture à dépoussiérer, lit à refaire...mon Dieu! C'était fou ce que ce manoir pouvait être sale. J'avais beau frotter, astiquer, il restait toujours un petit grain de poussière quelque part, et j'étais obligée de tout recommencer. Je ne supportais pas la saleté. Elle me hérissait le poil, si bien que j'en oubliais parfois de manger. Voir un mouton de poussière me rendait hystérique, je me demandais vraiment ce que Javotte et Anastasie, mes deux demie sœurs, feraient sans moi. Elles vivraient sans doute leur misérable petite vie dans la saleté. Un tressaillement me parcouru les épaules à cette idée, tandis qu'un bruit de pas empressé se faisait entendre. Peu après, Anastasie apparu dans l'encadrement de la porte. Elle avait une mine proprette et hautaine, et l'air excédé. Je remarquais aussitôt une moumoute grise sur le bas de sa robe.
"- Ca fait deux heures qu'on t'appelle!
- Vraiment ? C'est fou comme le temps passe vite quand on s'amuse, fis-je en ne quittant pas la moumoute des yeux.
- Qu'est-ce que tu fiches ?
- Je lave le parquet. Et ensuite je vais astiquer les fenêtres, dépoussiérer la tenture et gratter la mousse sur les murs. D'ailleurs, tu as un mouton de poussière sur ta robe.
- De la mousse sur les murs ? fit ma demie soeur en parcourant les murs des yeux. Puis, en se tournant d'un bloc vers moi: Cendrille, t'es maniaque. Y a rien du tout sur les murs, ils sont nickels.
- Tu as un mouton de poussière sur ta robe, Anastasie.
- Tu m'écoutes ?
- Veux-tu bien dire à notre mère que j'arrive dans un instant ?
- Certainement pas! Tu viens avec moi."
Elle m'attrapa par le bras et me conduisit fermement dans les méandres de couloirs menant à la salle à manger. J'étais un peu chagrinée de devoir laisser mon ménage en plan. D'autant plus que j'aperçus durant le trajet quelques touches de saleté de ci, de là. Mais comme une petite voix me soufflait dans ma tête que j'avais dépassé les bornes, je suivis Anastasie docilement.
La salle à manger était une vaste pièce chaleureuse grâce à son immense cheminée. Je remarquais distraitement que Javotte avait encore répandu de la cendre partout en rajoutant une bûche dans le foyer.
Notre mère était assise en bout de table, et se tenait la tête dans les mains. Javotte arborait une expression arrogante, comme à son habitude. Elle lissa sa minei-jupe sur ses cuisses en mâchonnant son chewing-gum:
"- Tiens, v'la l'autre fêlée.
Ma belle-mère m'observa à travers ses doigts:
- Laisse-moi deviner. Tu nettoyais le carrelage de la troisième salle de bain ?
- Non, le parquet de la chambre d'amis du dernier étage.
Un soupir à fendre l'âme résonna dans la pièce tandis que ma belle-mère se redressait, l'air douloureux.
Durant un long moment, on n'entendit que les bruits de mastication de Javotte. Et puis, n'y tenant plus, je m'écriais:
- Anastasie, tu as mouton de poussière sur ta robe, tu le savais ?
Ma belle-mère fondit en larmes et s'affala sur la table. Il s'en était fallu de peu pour que son visage n'aille s'écraser dans le plat de pâtes. A la place, son chignon dégringola sur le côté. Sans aucun doute, le majordome allait retrouver quelques cheveux dans le bol de sauce bolognaise.
Anastasie s'empressa d'aller la réconforter:
- Tu ne vois donc pas le mal que tu fais à maman ? Explosa-t-elle en me foudroyant du regard.
- Mais je ne vois pas ce que je fais de mal...fis-je plutôt innocemment.
- Je l'savais. Elle a un grain, c'te fille.
- Tu as un mouton de poussière sur ta robe, chère soeur.
- Mais je m'en fiche, Cendrille!
- Mais ça n'est pas propre...
Anastasie entreprit de se masser les tempes et marmonnant.
- Cendrillon ? dit Javotte en tournicotant une de ses dreadlocks autour de son doigt.
- Oui ?
- Ca te dirait de passer le balai dans ma chambre ?
- Oh, avec plaisir! Je peux même laver tes carreaux, si tu le souhaites.
Javotte échangea un regard entendu avec Anastasie. Je ne comprenais pas très bien ce qu'elles me reprochaient exactement. Et ce mouton de poussière sur la robe d'Ana qui me narguait toujours...
Les sanglots de notre mère commencèrent à s'apaiser, et Anastasie lui tendit un mouchoir en me fixant sans ciller:
- Cendrille. Pourquoi passes-tu tant de temps à astiquer, nettoyer, dépoussiérer ? Regarde-nous, Javotte et moi. Nous avons ton âge, et pourtant nous avons des distractions fort différentes des tiennes! Nous nous occupons à peindre, lire, écrire, apprendre le chant et la musique...
- Et fantasmer sur des beaux gosses.
- Javotte! Fit ma belle-mère, le nez toujours humide et les yeux rouges. Mes chéries. Le Roi organise un bal au palais, il me semble qu'il désire marier son fils et ça me ferait vraiment, vraiment plaisir que l'une de vous trois parviennent à chiper la place au Baron Mandor et à sa stupide fille.
- Hette est plutôt jolie, fit Anastasie sans réfléchir.
- Oui, mais imaginez un peu l'horreur si elle parvenait jusqu'au trône en épousant ce crétin de Prince Philippe! La Reine Hette ! Mon Dieu. Je n'ose même pas imaginer à quel point les Royaumes voisins se gausseraient de nous.
Un silence gêné s'abattit sur la table.
- C'est pourquoi, mes chéries, je vous supplie d'épouser cet imbécile heureux, et de lui faire de beaux enfants.
- Maman, nous n'en sommes pas là, reprit Ana en rougissant jusqu'à la racine des cheveux.
- Oui, mais ça viendra. L'une de vous trois devra l'épouser.
Javotte choisit ce moment précis pour poser un pied sur la table et se gratter le mollet avec volupté.
- Enfin, une de vous deux. Cendrillon, ma chérie.
- Oui, maman ?
- Tu es la plus jolie, le Prince a toutes les raisons de te préférer à Anastasie, si peu est qu'il sache déjà quel type de femme il est préférable d’épouser.
- C'est gentil pour moi.
- Anastasie, je t'en prie, ne te montre pas si grincheuse! Je suis sure que Cendrille sera d'accord pour te prêter un peu de sa fortune.
- Bien sur, m'empressais-je d'ajouter. Je te donnerai tout ce qu'il me restera, après que j'ai acheté de nouveaux balais, et un aspirateur. J'en ai vu un l'autre jour, pas très cher, et puis...
- C'est justement ce...cet aspect de ta personnalité qu'il faudrait...améliorer.
- Et je pourrais m'acheter un aspirateur ? Fis-je tout sourire.
- Oui, tu pourras t'acheter un aspirateur.
- Oh, merci maman!
- MAIS tu dois d'abord épouser Philippe. Ca ne devrait pas être trop compliqué, ajouta-t-elle pensivement.
- T'as juste à l'pécho durant l'bal.
- Javotte! Surveille ton langage!
- En plus il est plutôt bien gaulé, s'tu vois c'que j'veux dire. Ca devrait être un bon coup...
- JAVOTTE!
L'intéressée se leva d'un bond et tira son tee-shirt pour masquer son piercing au nombril, ce qui eut pour effet de le plaquer sur ses seins:
- ON ME LAISSE JAMAIS RIEN DIRE ICI!
- VA DANS TA CHAMBRE!
Javotte marcha jusqu'à la porte, se tourna vers nous et hurla en pointant le poing en l'air:
- LIBEREZ L'TIBET!
Notre mère attendit que la porte de chambre de Javotte claque avant de poursuivre.
- Il faudrait que tu essaies de ne pas trop parler de ménage pendant que tu danseras avec le Prince.
- Je ne vois pas pourquoi, maman, peut-être aime-t-il lui aussi entretenir sa maison ?
- Il doit pas chômer alors, fit Anastasie, morose.
- Le Prince vit au palais, chérie.
Je mis deux ou trois secondes à saisir.
- Oh, Seigneur ! Mais ce doit être épuisant à nettoyer ! Une si grande maison…
- Tu n’as pas idée, chérie, s’empressa d’ajouter ma belle-mère. C’est pour cette raison que tu dois l’épouser, histoire de lui donner un petit coup de pouce…tu comprends ?
Oh que oui, je comprenais ! Ce pauvre garçon devait être éreinté d’astiquer un palais. Je me sentais capable de l’aider et, pour prouver ma bonne volonté, je m’exclamais :
- Je pourrais passer le balai sous la table de la salle à manger après chaque repas !
- Ca dépend quelle salle à manger, ricana Anastasie.
- C’est si grand que ça ?
- Maman, elle est bien trop naïve ! Le Prince ne tombera jamais dans le panneau. Cendrille est belle, d’accord, mais elle est aussi bien éduquée qu’une gardeuse de mouton de deux ans et demi. Trois maximum.
- Le Prince n’est pas très fut-fut non plus.
- On marie les idiots, c’est ça ?
Ma mère et Ana se défièrent du regard. Anastasie finit par détourner les yeux, une moue dégoûtée plaquée sur le visage.
- Et si tu débarrassais, Anna ? Reprit ma belle-mère, inflexible.
- Laisse, je vais m’en charger !
- Tu restes ici !
Inquiète du ton qu’avait pris ma belle-mère, je me rassis sagement dans ma chaise et défroissais mon tablier. Alors que ma demi sœur s’affairait dans un silence réprobateur autour de la table, je remarquais à nouveau ce fameux mouton de poussière, accroché à un pan de dentelle.
- Anastasie, tu…
- Cendrille. Nous sommes donc d’accord ? Tu épouseras le Prince.
- Oui, maman, avec plaisir, mais…
Ma belle-mère parut se dégonfler comme un ballon lorsqu’elle soupira :
- Parfait. Je vais peut-être au moins parvenir à caser une de vous trois, c’est déjà pas mal.
- Oh, je suis sure qu’Ana pourra toujours épouser le palefrenier, fis-je naïvement. Il a l’air de bien l’aimer.
- Le palefrenier ?! S’écria ma demie sœur en laissant tomber une assiette sur le sol. Elle se brisa et le bruit se répercuta un moment dans la pièce. Et puis, un gros sanglot, puis deux, puis trois égrenèrent l’imposante poitrine d’Ana. Elle finit par se mettre à pleurer elle aussi, et s’enfuit de la pièce en courant.
Avec un certain soulagement, je vis que le mouton de poussière qui était accroché sur sa robe venait de tomber durant le mouvement. Souriant d’une oreille à l’autre, j’allais le ramasser, l’observais une seconde. C’était un gros, gros mouton de poussière. Heureusement que je l’avais ramassé !
Ma belle-mère me regardait, la bouche entrouverte, et mortifiée. Elle semblait se demander pourquoi je souriais, alors je me dis que je lui devais bien une explication. Après tout, elle voulait bien que je m’achète un aspirateur !
- Il est tombé ! »

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